Anthony Murphy vit près de chez moi dans la Malepère. La Malepère est un modeste plateau, battu par les vents, situé dans le sud de la France, entre Carcassonne et Toulouse. Le paysage, rude et doux à la fois, n’a pas la séduction évidente de la Provence ou de la Côte d’Azur, mais une séduction plus discrète, plus secrète, qui demande à se mériter par une longue et attentive fréquentation. C’est là que Anthony Murphy travaille. Tous les jours, il prend ses toiles, ses pinceaux, ses carnets, ses pastels et part sur le motif. Loin de la ville et de ses modes, loin des courants imposés de l’art dit contemporain, avec patience, obstination, avec humilité et sans doute ce qu’il faut d’orgueil, il construit son oeuvre. La peinture surprendra peut-être. Mais elle séduira tous ceux pour qui, comme moi, le monde et la nature sont des sources d’émerveillement sans fin; tous ceux pour qui l’art ne peut être que la recherche obstinée d’une représentation fidèle, énergique, sensible et personnelle de ce qui nous est donné à voir sous le soleil.

Philippe NOIRET